La typographie est un élément auquel on ne pense pas forcément quand on pense au cinéma, mais qui est incroyablement puissant quand il s’agit de vendre un film et lui offrir une identité unique. Elle joue un rôle essentiel dans la création de l’identité visuelle d’un film et influence profondément notre perception, en tant que public. L’art de la typographie dans les films capte nos regards, et l’univers cinématographique de certains réalisateurs emblématiques en est un parfait exemple.
La typographie : L’identité visuelle d'un film
Tous comme les livres, la typographie dans les films est bien plus qu’un simple choix de lettres. Elle est une partie intégrante de l’identité visuelle du film, créant une première impression mémorable pour le public. Certaines affiches aujourd’hui cultes ont justement des polices d’écriture choisies avec minutie et réflexion. Par exemple, un film d’horreur peut utiliser des polices gothiques pour créer une atmosphère sombre et inquiétante, tandis qu’une comédie romantique optera pour des polices plus légères pour transmettre un sentiment de joie et de légèreté. Si la Helvetica ou encore la Futura sont des polices de caractères souvent utilisées, sachez que beaucoup d’autres (plus exotiques même) sont choisies pour leur style indéniable !
Le clin d’oeil aux années 70
Le générique d’ouverture de « Pulp Fiction » est emblématique. Les lettres jaunes avec fond rouge sur un écran noir créent une ambiance de tension, annonçant un film rempli d’intrigues, de rebondissements et… de violence. Cette typographie massive devient presque un personnage à part entière, influençant la manière dont le public perçoit le film.
La brutalité imagée
« Fight Club » opte pour une affiche typographique en lettres majuscules robustes et italiques. Les lettres épaisses et anguleuses évoquent la brutalité et la rébellion du film, avec une idée de « vitesse » et de précipitation totale. Elles martèlent visuellement l’écran et l’affiche, renforçant ainsi l’intensité de l’histoire et son côté « bombe à retardement ».
Un retour dans le temps
Quentin Tarantino est connu pour sa fascination pour l’utilisation de typographies rétro. Pour le titre de « Boulevard de la Mort, » il utilise une typographie années 70 qui rappelle les enseignes au néon ou de drive-in américains de cette époque, transportant ainsi le public dans une époque révolue mais souvent adorée et fantasmée. Cette typographie renforce l’immersion dans le film et évoque une certaine nostalgie : Le public qui a vécu cette époque aura forcément un petit pincement au coeur. Tarantino est un amoureux du cinéma de série B, des années 60 et 70 et du western spaghetti : Tout son univers visuel transpire ces inspirations, et les typographies dans ses films se sont pas épargnées.
L'Exubérance typographique
« The Mask » est une comédie délirante, et sa typographie le reflète parfaitement. Les lettres enjouées et colorées du titre correspondent au caractère extravagant du personnage principal. Cette typographie crée une atmosphère de joie et de folie : On est directement embarqué dans l’univers de la comédie, du cartoon mais aussi de Jim Carrey qui crache son énergie et son humour à l’écran.
La désorientation
Christopher Nolan utilise la police manuscrite de manière intrigante pour l’affiche et le titre de « Memento. » Les lettres du titre sont griffonnées au feutre, créant cette idée que le titre a été écrit à la main et « à la hâte » : Comme lorsqu’on écrit quelque chose sur un post-it rapidement pour ne pas l’oublier ensuite. Cette typographie reflète le thème central du film, à savoir la mémoire altérée du protagoniste. L’image finale plonge le public dans un état de confusion délibérée, et qu’une enquête va se dérouler… Si cela reste une fiction, et en tant que spectateur, on a ce réel sentiment qui oscille entre réalité et doute.
Petit bonus Made in France : Allez voir ce que Jean-Luc Godard a choisi pour le titre de son film Pierrot le Fou, c’est à la fois extravagant et bien décalé… à l’image du personnage joué par Jean-Paul Belmondo qui multiplie les cascades et sauts en tout genre dans ce film.
Second bonus (parce qu’on est un peu chauvin) : Nous vous conseillons d’aller jeter un oeil au travail typographique de l’affichiste et graphiste Roger Excoffon.
Pour aller plus loin
Typocine.com est un outil inestimable pour les passionnés de cinéma et de typographie. Ce site offre une analyse détaillée des typographies utilisées dans divers films, permettant aux cinéphiles et aux graphistes de plonger encore plus dans l’univers de la typographie cinématographique. Le site vous fournira des informations sur les polices de caractères, les couleurs et la manière dont certains titres ont été conçus.
La typographie dans les films est un élément essentiel de l’identité visuelle et narrative. Elles font partie, autant que la musique et les images à créer tout un univers travaillé, impactant et « vendeur ». Les exemples de « Pulp Fiction, » « Fight Club, » « Boulevard de la Mort, » « The Mask, » et « Memento » montrent comment la typographie peut devenir une œuvre d’art cinématographique à part entière, laissant une impression durable dans nos esprits.
Bien plus qu’un simple choix esthétique, elles façonnent l’expérience de cinéma chez chacun de nous, et ce n’est pas étonnant si beaucoup d’entre-nous ont eu des posters de films dans leurs chambres d’ados ! La typographie permet aussi de créer des oeuvres d’art pour certaines affiches de films.